ASCO 2017 – Traitements d’immunothérapie dans le traitement du mésothéliome pleural : des données prometteuses

ASCO 2017 – Traitements d’immunothérapie dans le traitement du mésothéliome pleural : des données prometteuses

ASCO 2017 – Traitements d’immunothérapie dans le traitement du mésothéliome pleural : des données prometteuses [Présentation orale]

Par le Pr Gérald Zalcman, chef du service d’oncologie thoracique de l’hôpital Bichat AP-HP, qui a coordonné avec le Pr Arnaud Scherpereel, du Centre hospitalier régional universitaire de Lille, cette étude promue par l’Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique (IFCT). Les services d’oncologie thoracique de l’hôpital Bichat AP-HP (Pr Gérald Zalcman) et de l’hôpital Tenon AP-HP (Pr Jacques Cadranel) ont participé à cet essai.

Le mésothéliome pleural, une tumeur rare

Avec 850 à 1000 nouveaux cas par an, le mésothéliome pleural fait partie des tumeurs dites « rares », plus fréquentes dans certaines régions exposées industriellement à l’amiante comme le Nord, la Normandie, la région de Toulouse, la Loire-Atlantique ou encore de Marseille. Pour ces tumeurs « rares », les essais cliniques sont complexes à mener, avec des recrutements parfois longs et difficiles.

Au-delà de la chimiothérapie qui, associée à un antiangiogénique (bévacizumab), représente le traitement de référence de 1ère ligne du mésothéliome pleural inopérable, depuis l’essai de phase 3 MAPS de l’IFCT (publié dans le journal Lancet en 2016), l’efficacité des traitements après progression de la maladie, en 2ème ou 3ème ligne, restait jusque-là peu satisfaisante.

>> En savoir plus : lire notre communiqué du 02/02/2016 : Avancée majeure dans le traitement du cancer de la plèvre

Au vu des premiers résultats prometteurs observés avec l’immunothérapie, nouvelle approche thérapeutique, l’IFCT a initié un essai de phase 2 randomisée, MAPS-2, dans le mésothéliome pleural en traitement de 2ème ou 3ème ligne afin d’évaluer les effets de deux protocoles d’immunothérapie : une monothérapie (nivolumab seul) versus une bi-thérapie associant deux molécules d’immunothérapie avec des mécanismes d’action différents (nivolumab+ipilimumab), et ces traitements étaient administrés jusqu’à progression de la maladie.

Le critère principal de cette étude était le taux de contrôle de la maladie à 12 semaines. Cet essai a inclus 125 patients porteurs d’un mésothéliome pleural en progression après une ou deux lignes de traitement, en moins de 5 mois dans toute la France.

L’immunothérapie : une nouvelle approche efficace en traitement de 2ème ou 3ème ligne

Les premiers résultats obtenus ont montré des taux de contrôle de la maladie de 44,4% sous nivolumab et de 50% sous nivolumab+ipilimumab, avec quelques réponses nettes sur le scanner, témoignant de l’activité de ces traitements dans cette maladie réputée peu sensible aux traitements classiques :

  • Il est important de souligner que l’évaluation des scanners sous traitement a été réalisée par un comité de radiologues indépendants.
  • Cette étude a rempli son objectif principal puisque les taux de contrôle de la maladie à 12 semaines dépassaient les 30% dans les deux groupes de patients.

Les délais avant progression étaient dans les deux groupes plus élevés que ceux rapportés dans des séries précédentes, de 4 et 5,6 mois, respectivement sous nivolumab et nivolumab+ipilimumab.

Les données de survie globale, non encore matures, délicates à interpréter pour l’instant, suggèrent une durée de survie qui pourrait dépasser les 12 mois, en particulier chez les patients en réponse au traitement.

Le profil de tolérance de ces deux protocoles d’immunothérapie a été conforme à celui rapporté précédemment dans d’autres études, notamment dans le mélanome, avec une incidence plus élevée des effets secondaires sévères dans le groupe traité par nivolumab+ipilimumab (18% contre  9,5% sous nivolumab) et trois décès rapportés par les investigateurs au traitement. Les évènements indésirables les plus fréquents étaient une fatigue, une diarrhée et des perturbations thyroïdiennes biologiques.

Cette étude académique française menée dans le mésothéliome pleural non opérable, montre pour la première fois en 2ème et 3ème ligne, des taux de contrôle de la maladie à 12 semaines supérieurs à 40%, confirmant l’efficacité de cette nouvelle approche de traitement par immunothérapie.

Ces données qui donnent un vrai signal d’efficacité de l’immunothérapie par nivolumab +/- ipilimumab dans le traitement du mésothéliome pleural, constituent un rationnel pour poursuivre le développement de ces molécules.